5 mai 2024

La confiance en soi : à la fois si proche, et si lointaine

Dimanche, 22h45. J'ai profité du repos dominical pour apprécier quatre heures de jeux vidéo. Après deux heures matinales passées à ré-arranger mon portfolio, puis trois à quatre heures de programmation GODOT pour implémenter les mouvements de combat de mes créatures ombreuses, il est temps de dégainer l'ordinateur portable, et de tapoter du texte pour le bien-aimé blog.

"Si seulement les journées duraient plus de 24 heures, je pourrais même me permettre de travailler sur la reprise de ma nouvelle fantastique. J'ai vraiment hâte de me pencher à nouveau sur son scénario."

Le twist misérable, c'est que ça fait maintenant presque deux ans et demi que je me dis ça.

Vous vous sentirez peut-être familier de ce sentiment inconfortable. Qui n'a pas un ou plusieurs projets ambitieux sous le coude, sur lesquels "on s'y mettra très bientôt, ce sera incroyable, oui oui t'inquiète frère ça arrive bientôt". Les jours, les semaines, les mois, et parfois les années s'enchaînent, et bizarrement, vous avez toujours une bonne excuse sous le coude pour ne pas engager les travaux.

"Non mais là ça passera pas cette semaine, j'ai un gros projet au taf les journées sont longues.", "Si je ne n'obtiens pas mes chaussures de flamenco en cuir de bœuf catalan et bénies par un prêtre espagnol, je ne serais jamais en mesure de commencer les cours de danse.", et autres "Je peux pas j'ai piscine, et tout de suite après je regarde le quart de final des spring playoffs LEC ! C'est au moins le 15ème match le plus important de la saison, sur une des quatre régions majeures existantes, tu te rends compte ! JE PEUX PAS LE RATER JE TE PROMET QUE C'EST IMPORTANT POUR MOI"

Et alors que le temps défile, votre conscience en a gros. Elle vous juge du coin sombre de la salle, fronçant ses gros sourcils velus. Elle est silencieuse, mais tout son être semble vous murmurer : "Et qu'en est-il de vos promesses de campagne, Monsieur le Président ?"

 

"Où sont les cours de boxe anglaise, Jean-Théodore ? Et ces nichoirs à oiseaux que tu avais promis de préparer pour le jardin, à la fin de l'été dernier ? ILS SONT OÙ, HEIN ?! OÙ EST-CE QU'ILS VONT FAIRE LEURS BÉBÉS MAINTENANT ?! MONSTRE §§§§"

 

Tout le monde a des projets dans la vie. Régulièrement, on émet des idées en l'air, on sait qu'on ne les assumera pas, et qu'absolument personne ne nous en tiendra rigueur ("BLC frère"). Mais parfois, certaines de ces résolutions nous tiennent réellement à cœur. Apprendre un hobby passionnant. Rencontrer des gens, démarrer un side-business pour le fun, ou pour se reconvertir un jour. Commencer une pratique sportive régulière. Réaliser une prouesse qui nous améliore en tant qu'humain, et qui nous fait du bien. Et pourtant, quelle que soit l'importance apparente du souhait, on ne se lance jamais. 

Si vous ne lisez pas de livres de développement personnel, laissez-moi vous confirmer un fait scientifique bien réel, rappelé dans nombre d'entre eux : quand il s'agit de différencier une tâche réellement en cours, et un projet en réserve, le cerveau humain est nul à crever. C'est peu ou prou la même chose dans votre esprit de primate en jean. Si une action en attente flotte dans votre paysage mental, votre attention y reviendra régulièrement, et vous sommera d'y faire quelque chose.

Un ouvrage qui le mentionne bien est le fameux Getting Things Done de David Allen, et sa méthode de suivi de tâches entièrement basée sur des listes (AKA "c'est sur une liste, ou ça n'existe pas"). Que l'on adhère ou pas à la stratégie du monsieur, je trouve difficile de contredire son postulat sur l'énergie et le stress que nous coûtent les tâches "inachevées" dans notre esprit.

Ajoutez à cette fatigue couvante, une salaison de honte et de culpabilité qui s'encroûte en nous, quand on ne fait pas de progrès dans ce projet qui nous tient à cœur. Et ce, même si vous avez dans le même temps solutionné la faim dans le monde à votre travail, ou que vous guérissez quotidiennement une brouette de chatons malades.

 

 
"Ces piles de créatures mignonnes ne suffisent plus à étouffer mes regrets de projets inachevés :("


Ces blocages, ou manœuvres d'évitement nazes, se produisent sur des sujets divers et variés, souvent en dehors de toute logique apparente. Je n'ai par exemple aucun problème à bloquer une soirée pour écrire des articles ou programmer. Mais me lancer dans la révision de ma nouvelle, woah, doucement, il me faudrait au moins... au moins...

Au moins quoi ? Une soirée parfaite, bénie de glaire divine ? L'inspiration d'une vie ? Une coupure de courant de deux semaines qui me renvoie à des soirées penchées sur du papier, à la lueur d'une bougie ?

 

 
Quel frère ce Glaphazor. Toujours les bons tuyaux.
 

Il est difficile de présumer de ce qui se passe dans la tête de mes milliards de collègues humains. Mais sans prendre trop de risques, je pense que la raison un peu sale qui provoque la majorité de nos blocages, c'est la peur. Consciente, ou inconsciente, directe ou travestie. La peur d'échouer d'une façon ou d'une autre. Face à nous, ou face aux autres. Parce qu'on a déjà essayé par le passé, et qu'on s'est vautrés (et c'est douloureux). Ou à l'inverse, parce que ce que l'on essaie de faire est totalement nouveau, et on a aucune idée à quoi s'attendre, si ce ne sont que les efforts ardus et les résultats médiocres propres aux débutants.

Cal Newport écrit, dans la conclusion de son ouvrage Deep work : "Il y a également un sentiment d'inconfort qui entoure tout effort pour produire le meilleur de ce que vous êtes capable de faire, car cela vous confronte à la possibilité que votre meilleure performance, n'est tout simplement pas (encore) assez bonne."

AKA, vous avez donné toute votre dévotion et votre concentration à une tâche. Le pinacle de vos capacités. Et les résultats sont nuls. Autant dire que cette performance résume à elle seule votre valeur en tant qu'humain, non ?

(non)

"Merci Micheline, on ne sait pas où tu veux en venir, mais c'est vraiment réconfortant comme article en tout cas. Il me manque seulement un petit verre d'eau de javel fraîche, et mes conditions de lecture seront parfaites."

S'il y avait un remède miracle pour solutionner toute hésitation ou manque de confiance en soi, on serait tous déjà au courant (c'est comme pour les rides et les taux de criminalité les enfants, ne vous faites pas avoir par les spots TV). Non à la place, c'est un chemin continu et (parfois) ardu vers un état d'esprit plus serein, qui vous permet de finalement franchir le pas, et de réellement agir sur les projets qui vous vont peur. Que ce soit en les initiant. Ou en les enterrant.

En attendant des revues de livre supplémentaires sur ce blog décadent, j'ai compilé ici une petite liste - pas piquée des hannetons - de réflexions sur la confiance en soi, qui m'ont personnellement beaucoup aidé à faire tous les projets que je mène depuis un moment maintenant, sans stress, et sans regrets.

 

On commence avec un parpaing métaphorique : la motivation ne précède jamais l'effort

Et ouais, désolée. Pas d'épiphanie créative incroyable à deux heures du matin, qui change votre carrière artistique à tout jamais. Pas de discours auto-dirigé miraculeux à réciter chaque matin. Pas de regard fier et inspiré vers le soleil levant de votre carrière passionnante, à l'aube de vos vingt-deux ans ("oh joie ! quel destin radieux d'ingénieur système m'attend !").

La motivation est sensée être le petit bois de votre discipline. Dans notre imagerie habituelle du travail, elle le précède, et vous pousse à l'effort pour arriver à vos résultats. C'est pratique, et bien agréable. Si vous êtes sensé travailler pour quelque chose qui en vaut le coup, PAF, une muse vient à votre rescousse et atténue la difficulté de l'effort.

Cela fonctionne de temps en temps, pour ranger sa chambre une fois par an, ou aller courir deux jours de suite. Mais la vérité, c'est que c'est une ressource trop faible, et trop faillible, pour toujours garantir un effort. Tout comme un oncle très sympathique, mais trop porté sur la boisson, on ne peut pas décemment s'appuyer dessus pour nous lancer au travers de projets difficiles ou effrayants. 

 

 
 
"Oui. Merci. Mais non."

Un bon livre qui explore ce thème est le surprenant Motivation Myth, de Jeff Haden. À première vue l'équivalent sectaire d'un livre de développement personnel, rempli de délicieuses fausses promesses et d'un style trop direct, il est en réalité armé d'un panel intéressant d'arguments contre la motivation miraculeuse. Il vous rappelle qu'au final, la seule option viable pour achever un projet, c'est de se lancer quelque soit son humeur et ses envies sur le moment, pour engranger des résultats. Ce seront CES avancement, qui vous apporteront fierté et motivation, et ils nourriront une boucle vertueuse pour continuer à progresser. En somme, il est plus fiable de traiter la motivation comme un bonus naturel et bienvenu. Mais jamais comme un pré-requis.


Dans la même veine, les créatures pensantes que nous sommes ont tendance à donner beaucoup trop d'importance à notre environnement direct, ou à l'alignement des planètes. Alors ont attend, car les conditions actuelles ne sont jamais assez bonnes pour travailler de façon idéale sur votre projet, évidemment.

Sachez que la situation parfaite pour démarrer un projet est bien souvent une licorne de votre psyché. Extrêmement attirante, complètement imaginaire, et même si elle existait réellement, elle serait au mieux un cheval surcoté (et elle disperserait des paillettes partout dans le salon, ça gave de fou très vite je vous le promet).

"Ah, ok ! Je suis actuellement à ma quatrième cure de désintox, j'ai un diabète avancé, mon couple va mal et j'ai 180 000 euros de dettes à la Banque de France, mais tu me dis que ça ne sert à rien d'attendre ? Je vais faire un enfant c'est PARTIIIIIIIIIiiii-"

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Il y a effectivement des cas où vous lancer serait une idée catastrophique, pour vous ou pour quelqu'un d'autre. Ne soyez pas un gobelin égoïste. Mais il y des fois où il faut prendre un petit risque, financier, social, personnel, pour avancer. Démarrer cette start-up sans avoir la certitude qu'elle va être rentable à temps. Commencer à peindre sans avoir du matériel de fada, mais des gouaches simples et des toiles de brocante. Si vous prenez un risque, il "suffit" de préparer un plan de secours pour retomber sur vos pattes. Que ce soit pour amortir vos pertes économiques, ou les dégâts infligés à votre ego quand vos invités vous demanderont si "La jolie peinture dans le salon est de votre fille de quatre ans, c'est ça ? C'est si mignon leurs gribouillages à cet âge-là.".

Si vous attendez indéfiniment, vous n'engrangerez aucune expérience, que ce soit des leçons liées aux victoires, comme celles amenées par les (inévitables) échecs sur votre route. Vous laisserez votre ressenti, vos émotions, votre fatigue passagère, dicter ce que vous pouvez faire ou non. Comme le cite Rick (de Rick et Morty, merci Captain Obvious), vous laisserez l'univers vous porter sur son flux d'atomes jusqu'à ce qu'il vous rejette dans le fossé, alors que dans le même temps, d'autres auront provoqué leur chance, même si leurs conditions de départ ne semblaient pas immaculées.

Le personnage de Rick est d'ailleurs à l'origine d'une autre scène qui me revient souvent en tête, à chaque fois que je commence à pinailler avec moi-même pour savoir si je dois faire quelque chose MAINTENANT, ou attendre un peu "pour voir, c'est pas urgent après tout".


Si vos excuses ne tiennent pas la route pour expliquer pourquoi vous devriez attendre quelques jours de plus, plutôt que de commencer maintenant, c'est qu'il est temps de mettre son incertitude de côté, et d'agir. Je n'ai connaissance d'aucune licorne disponible pour vous aider.


Adopter cet état d'esprit de travail régulier, contre vents et marées, quelle que soit votre humeur ou les conditions du jour, c'est la définition même de la discipline. Lorsque vous vous accoutumez à cette habitude, vous apprenez progressivement à vous connaître, et vous savez que vos pensées et votre énergie à un instant donné ne reflètent pas vos vraies capacités. 

On a tous été poussés dans des situations inconfortables, où malgré la fatigue, il a fallu aller passer 4h30 aux urgences parce que votre neveu s'est ouvert le front en sautant du lit (on lui avait pourtant dit que le high flip 275° retourné depuis le matelas était une technique interdite). Il a fallu tenir jusqu'au bout de la nuit pour ne pas laisser un pote ivre revenir seul chez lui, ou être bloqué au travail en fin de journée, avec un problème urgent et exceptionnel à régler.

Et je ne parle que de cas qui sont finalement "bénins". On peut citer les gens qui perdent tout en une journée à cause d'une inondation, d'un décès soudain dans la famille proche ou d'une insécurité grave quand on habite dans un pays moins développé. Ce que je veux dire par là, c'est que même si le début a été pénible, peu engageant, brouillon, vous avez passé outre cette résistance initiale, et vous avez produit quelque chose. Progressé. Accompli un peu de votre objectif, même si ce n'était pas de la façon la plus idéale qui existe. "Vous ratez 100% des tirs que vous n'essayez pas de marquer.", comme dit le proverbe anglophone un peu cheesy.

Ce conseil est toujours un peu délicat à donner, parce qu’on a tous des vies différentes, qui vont de "j'ai le cul bordé de nouilles et une cuillère en argent dans la bouche, la pire contrariété de ma journée a été une moto un peu bruyante qui est passée dans le quartier", à, "malgré mes meilleurs efforts j'ai deux proches et mon chat qui sont décédés en deux mois, une autoroute se construit à 400m de la maison que j'ai acheté il y a un an, et j'ai des douleurs perpétuelles à cause d'un hernie".

Alors, quand vous êtes dans le second cas, vous serez bien tenté de me jeter des petits cailloux contondants au milieu de la place publique.

"Tu es gentille Micheline avec tes conseils de développement personnel de bobo, mais quand ta vie c'est de la merde perpétuelle, tu les trouves où, tes fragments de discipline pour commencer tes projets ? Si je cumule deux tafs dans la journée, j'ignore ma fatigue à 23h pour composer de la musique, avec les logiciels que je n'ai pas, car j'ai déjà pas assez de thunes pour manger ? Tu crois vraiment à ce que tu dis, là ?"

Je pourrais peut-être essayer de me battre avec vous. Commencer à présenter le fait que, non, personne ne part d'un pied d'égalité dans la vie, et certains d'entre nous tombent sous le coup d'évènements incroyablement chanceux ou malchanceux. Je pense que ce billet commencerai rapidement à ressembler à une retranscription d'une séance de l'Assemblée Nationale, et qu'il me faudrait m'inscrire à l'Université de Lettres la plus proche pour me former professionnellement à la philosophie. Trente années plus tard, nous serions toujours en train d'argumenter, comme des golems calcifiés en haut d'une montagne, dignes d'être peints avec un caractère épique dans notre débat social perpétuel.


Alors à la place, je vais vous poser cette question (un peu bâtarde, dans le sens presque médiéval du terme).

Si vous ne le faites pas, qui va le faire pour vous ?

Vous pouvez être fils de milliardaire, comme clochard au fin fond d'un pays en proie à la famine. Vous pouvez être en parfaite santé, ou être handicapé par l'une des dizaines de maladies chroniques immondes qu'on peut se voir infliger au cours de la vie. On peut maudire le destin, blâmer les autres, être dégouté des injustices. On peut hurler son désespoir au monde sous le claire de lune, et se lamenter auprès d'oreilles attentives (ça fait du bien ! il faut le faire de temps en temps, quelle que soit la gravité de ses problèmes, c'est important). 

Mais, en sachant tout cela, et aussi ignoble que cette question paraisse, je vais la répéter : qui va prendre les petites actions nécessaires à la complétion de vos rêves, si vous ne le faites pas vous-même ? Si vous ne croyez pas en vous ?

Il y a des jours avec, et des jours sans. Mais le fait de faire de votre mieux, et d'outrepasser un inconfort ou un manque de volonté initial, est extrêmement précieux pour vos projets. Car les jours où vous vous sentirez bien, damn, vous allez foncer, et surfer sur tous vos résultats accumulés au fil du temps.


Si vous en avez la capacité, et selon la nature de votre projet, il est important d'être le plus régulier possible dans son avancement. Le mieux, et de loin, est d'y dédier du temps chaque jour. Avoir une habitude quotidienne aide à sa mise en place initiale, et à l'application de cette discipline que j'ai mentionné précédemment. Si vous pratiquez d'un instrument à heure fixe, vous n'avez pas besoin de vous demander quelle est la marche à suivre, ou si vous en avez vraiment envie. Vous commencez, c'est tout. Pareil pour le sport. De nombreuses activités (musicales, logiques, sportives) vous rapporteront bien plus de bénéfices avec une répétition quotidienne modeste, qu'avec un gros bloc ponctuel jeté ici ou là.

Une astuce simple pour respecter ses engagements, c'est de démarrer la session quotidienne avec l'action la plus simple que vous pouvez imaginer. "Enfiler ses vêtements de jogging et ses chaussures", "sortir la partition et prendre en main l'instrument", "couper les distractions et s'installer au bureau avec le carnet". Vous n'avez plus envie de continuer ? Rangez tout et retournez asseoir votre séant devant un stream. Mais, spoiler, une fois la première action engagée, il est d'un seul coup plus facile de poursuivre sa tâche et de faire avancer vos objectifs.

Préparer à l'avance un planning cohérent est d'ailleurs clé dans le lancement d'un hobby ou d'une habitude de travail. Non seulement cela vous force à prévoir son implémentation, réelle (cette dernière a un effet scientifiquement prouvé sur l'application d'une routine : les gens qui prévoient une date, une heure et une action sont beaucoup plus susceptibles de respecter leurs objectifs que ceux qui ne font rien de plus qu'une déclaration vague). Mais cela vous permet aussi de voir si votre projet est seulement compatible avec votre emploi du temps réel.

Il n'est pas question de remplir ses journées à la ras-le-gosier d'activités audacieuses. Non seulement nos capacités de concentration profondes sont limitées chaque jour (entre 3 et 4h maximales d'attention extrême, pour les adultes les plus entrainés, "The Role of Deliberate Practice in the Aquisition of Expert Performance", Anders Ericsson, 1993), mais en plus, vous avez besoin de périodes de récupération nécessitant peu ou prou de réflexion, pour recharger vos batteries. Faire des choses qui sont profondément satisfaisantes et exigeantes, c'est malheureusement être obligé de limiter le nombre de sujets différents qu'on approfondit. Et parfois, quand on aligne tous nos projets les uns à la suite des autres dans l'agenda, on se rend compte qu'il va falloir faire des choix, pour prendre soin de notre santé mentale, et physique.


 
Quand je suis tentée de faire quatre trucs ambitieux par jour, je me rappelle de ce meme. Je souris comme une débilus, mais au moins, j'arrête de planifier n'importe quoi.


Je vous ai dit qu'il était souvent difficile de faire le premier pas pour commencer un projet. Le meilleur est pour la suite, car n'oublions pas que quand on construit quelque chose au long terme, c'est ironiquement le début qui est toujours difficile. Les premières heures seront peut-être teintées de rose sous l'effet de la nouveauté et de la progression initiale rapide. Mais presque invariablement, alors que notre niveau d'avancement ou de compétence grandissent, la vitesse d'amélioration ralentit, et notre envie de progresser commence à se casser la gueule sur la route pavée des bonnes intentions (bah ouais, on se le rappelle jamais que les pavés ça fait des routes durables, mais ça fait hyper mal quand on tombe dessus).

C'est un thème exploré dans Atomic Habits de James Clear (la première revue de livre sur ce blog, zOMG). Cette période difficile, de durée variable selon le sujet traité, est un moment où vous n'êtes pas encore au stade de progression que vous pensiez atteindre. Vous êtes invisible au jugement de votre esprit. Voire, certains jours, vous avez l'impression de régresser et de cogner votre tête dans un mur (une activité au principe somme toute suspicieux).

Les résultats s'accumulent toujours au fur et à mesure que vous dédiez de l'énergie à vos projets, même de façon discrète. C'est l'addition de chaque session, l'une après l'autre, qui s'amoncelle en la marche qui vous permettra d'un coup d'atteindre un niveau sans précédent. Il n'y a pas 36 milles façons de persévérer au travers de ce fossé déprimant: il faut se concentrer sur votre routine d'entraînement et de travail, s'aveugler du reste. Et croire en soi, car vous êtes la seule personne essentielle à la la complétion de vos envies.

 


 
Vous aurez peut-être besoin d'aide pour démarrer.

Monsieur Georges Lucas lui-même, qui est un véritable générateur humains de citations motivationnelles, vous rappelle que quand il s'agit d'un rêve à soi : "Vous avez seulement besoin de mettre un pied devant l'autre, et de continuer vers l'avant. Mettez des œillères et tracez votre sillon sans férir."

 

Ouais, chevalesque. Ne me bavez pas sur les rouleaux, ou ça va rapidement se transformer en "équidé du cul".

 

Le plus réel dans cette citation, ce sont les œillères. Aujourd'hui, on nage dans un océan d'informations, de nouvelles, de tweets, de stories. Le déjeuner de midi n'est pas encore passé, que la plupart des gens que vous suivez on couru un semi-marathon (et ils ont l'air frais à la fin, ces fils de tatous), lancé avec succès une marque locale de torréfaction de grains de café bio, et ils ont sorti en solo dev un jeu qui les a rendu millionnaire.

Même quand c'est à propos d'un hobby qui ne vous rapport pas d'argent, il est trop facile d'être écrasé par le succès des autres. Les pages internet que publient les autres ont cet avantage d'être dénuées de crasse (pour la plupart), et de rendre invisibles les innombrables échecs que rencontre n'importe qui dans la poursuite d'un objectif. Les défaites sont inévitables, et invariables. Votre seule arme, c'est de répéter vos efforts, de progresser, d'apprendre, et surtout, de faire ce qui fait du sens pour vous. 

Rester indécis à propos d'un souhait, que l'on ose pas réaliser, c'est avoir le cul entre deux chaises métaphoriques. Et tout comme vous asseoir entre deux sièges dans la vraie vie vous inflige un inconfort croissant, je pense que ne pas être en paix avec ses propres ambitions, dégrade inutilement votre confiance en vous.

Un autre argument particulièrement plaisant pour vous aider à dépasser vos a priori, c'est qu'au final, la majorité des gens s'en foutent de vos échecs. Vous seriez surpris du peu de considérations qu'un humain donne à ses pairs, de façon générale. Et pas forcément dans le mauvais sens du terme. 

Mais ce qui peut vous sembler honteux et catastrophique pour vous, sera juste un vague souvenir ou une anecdote pour d'autres. Et franchement, les personnes empathiques et bienveillantes sont souvent promptes à comprendre un échec et à le relativiser (et les vrais sauront que la seule raison pour laquelle vous avez échoué, c'est que vous êtes justement sur la voie de la progression et du travail). 

 


J'ai cité des ouvrages dans cet article. Il existe des milliers de livres de développement personnel qui traitent de la motivation, plus ou moins bons - plus ou moins scientifiques. Sans parler des centaines d'études comportementales sur le sujet. Je vous conseille de prendre connaissance des meilleurs, bien sûr, si vous êtes un lecteur avisé. 

Mais pour terminer cet article, je souhaiterai répéter ici, la meilleure définition de la confiance en soi, que j'ai entendu depuis des années. 

Ni plus ni moins prononcée par un mec en train de subir l'ingestion d'une sauce piquante à 1,5M sur l'échelle de Scoville, dans l'émission Hot Ones : Monsieur Alexandre Astier (le fait que le propos soit spontané ou préparé, je m'en contrefous, bien que j'ai toute confiance en cet auteur pour sortir cette phrase entièrement naturellement).

"Si vous n'avez pas confiance en vous, c'est la seule chose qui vous fait descendre.

 La seule chose qui diffère, souvent, des gens qui font, de ceux qui ne font pas, c'est juste une impression de légitimité, quant au fait de faire. La confiance en soi, ça veut dire, j'ai la position de quelqu'un qui fabrique, que ce soit bon ou que ce soit pas bon - ça me regarde pas que les gens aiment ou qu'ils n'aiment pas. 

Je dois faire ce que je dois faire. Je dois le faire avec tout ce que je peux y mettre. Je dois le faire en ne ménageant pas mes efforts. Je dois faire du mieux que je suis, du mieux que je puis. Mais si je fais du mieux que je puis, et si ça vous va pas, c'est pas grave. Si vous n'aimez pas, ne regardez pas ce que je fais, c'est tout."

Tout est dit. Il n'y a rien de plus, et ces quelques lignes résument invariablement l'état d'esprit de ceux qui font avancer délibérément, et activement leurs projets. Lorsque ce message se distille assez longtemps dans votre esprit pour atteindre votre inconscient, il est d'un pouvoir libérateur plus puissant que tout démonstration scientifique, ou sermon d'un proche (qui, dans la salle, a déjà "fait un effort" parce que quelqu'un nous l'a demandé d'un ton moralisateur ? Personne, je crois).

 


Savoir comment on exécute un plan, c'est bien. Mais comment on choisit la vocation, le hobby, ou le projet off-side dans lequel on a le plus de chances de s'épanouir ? Et comment on équilibre chaque journée pour ne pas terminer en état de carcasse épuisée, au bout de quelques mois ? Des sujets importants et vastes, que j'essaierai de tacler dans d'autres articles !


J'ai cité la méthode GTD un peu plus tôt, et je pense pertinent de rappeler les réponses simples apportées par Monsieur Allen dans son livre. On peut garder des idées lointaines dans une liste "À faire un jour". On peut rêvasser indéfiniment sur ses envies, au lieu de les commencer pour de bon. Mais les deux seules solutions pérennes pour faire la paix avec elles, c'est soit de les abandonner et d'en faire le deuil. Soit de entamer, ici et maintenant, un plan d'action, avec une date, et une heure, à laquelle se mettre au travail.

Alors, VOGUEZ, FIÈRES CRÉATURES. ACCOMPLISSEZ VOTRE DESTINÉE DE PRIMATE SUR UN ROCHER FLOTTANT DANS LE VIDE INTER-GALACTIQUE, DANS UN UNIVERS CONDAMNÉ À UN JOUR IMPLOSER SOUS SON PROPRE POIDS. MÊME SI C'EST JUSTE POUR APPRENDRE À FAIRE DES MACARONS ACCEPTABLES, OU À ENTRETENIR DES ORCHIDÉES EXOTIQUES DANS VOTRE SALON.

Je n'ai qu'un seul mot de fin envisageable pour ce billet -  sponsorisé par Monsieur LaBeouf TM :




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